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Maladie à virus Marburg

20 janvier 2025

Principaux faits

  • La maladie à virus Marburg (MVM), autrefois appelée fièvre hémorragique de Marburg, est une maladie grave, souvent mortelle chez l’humain.
  • Le taux de létalité moyen de la maladie est d’environ 50 %. Au cours d’épidémies passées, les taux de létalité oscillaient entre 24 % et 88 %.
  • Les soins de soutien précoces axés sur la réhydratation et le traitement symptomatique améliorent les chances de survie.
  • À l’heure actuelle, il n’existe aucun vaccin ou traitement antiviral approuvé contre la MVM, mais plusieurs vaccins et traitements médicamenteux sont en cours de mise au point.
  • On considère que la roussette d’Égypte (Rousettus aegyptiacus), une espèce de chauve-souris de la famille des Pteropodidae, est l’hôte naturel du virus Marburg, qu’elle transmet à l’humain avant qu’il se propage par transmission interhumaine.
  • Il est essentiel de mobiliser les communautés pour juguler les flambées épidémiques.

 

Vue d’ensemble

Le virus Marburg et le virus Ravn de l’espèce Orthomarburgvirus marburgense sont les agents responsables de la MVM, dont le taux de létalité peut atteindre 88 % mais qui peut être nettement inférieur grâce à des soins de qualité administrés rapidement aux malades.

Ces deux virus font partie de la famille des Filoviridae (filovirus), à laquelle appartient le genre Orthoebolavirus. Bien qu’elles soient causées par des virus différents, les maladies à virus Ebola et à virus Marburg sont similaires sur le plan clinique. Elles sont rares, mais peuvent provoquer des épidémies et être associées à des taux de mortalité élevés.

La MVM a été détectée pour la première fois en 1967, lors de deux flambées survenues simultanément à Marburg et à Francfort (Allemagne), ainsi qu’à Belgrade (Serbie). Ces épidémies sont survenues dans le cadre de travaux de laboratoire faisant intervenir des singes verts d’Afrique (Cercopithecus aethiops) importés d’Ouganda. Par la suite, des flambées épidémiques et des cas sporadiques ont été signalés en Afrique du Sud (chez une personne qui s’était rendue récemment au Zimbabwe), en Angola, au Ghana, en Guinée, en Guinée équatoriale, au Kenya, en Ouganda, en République démocratique du Congo et en Tanzanie. En 2008, deux cas indépendants ont été signalés chez des personnes qui avaient visité une grotte abritant des colonies de chauves-souris de l’espèce Rousettus aegyptiacus en Ouganda. En septembre 2024, le Rwanda a signalé la première flambée survenant dans le pays, et en janvier 2025 une autre flambée était déclarée en Tanzanie.

Transmission

L’infection humaine à virus Marburg est due à une exposition prolongée dans des mines ou des grottes abritant des colonies de roussettes.

Une fois introduit dans la population humaine, le virus Marburg se propage dans le cadre d’une transmission interhumaine par contact direct (à travers des éraflures ou les muqueuses) avec le sang, les sécrétions, les organes ou les liquides biologiques de personnes infectées, ou avec des surfaces et des matières contaminés par ces liquides (comme des draps ou des vêtements).

Il est arrivé fréquemment que des agentes et agents de santé soient infectés en traitant des cas de MVM. Cela s’est produit lors de contacts étroits avec des malades, lorsque les précautions anti-infectieuses n’avaient pas été strictement appliquées. La transmission par du matériel d’injection contaminé ou par des blessures par piqûre d’aiguille entraîne une maladie plus grave, une détérioration rapide et, vraisemblablement, un taux de mortalité plus élevé.

Les cérémonies d’inhumation qui supposent un contact direct avec le corps de la personne défunte peuvent aussi contribuer à la transmission du virus.

Les personnes infectées ne peuvent pas transmettre la maladie tant qu’elles n’ont pas développé de symptômes, et elles restent contagieuses tant que leur sang contient le virus.

Symptômes de la maladie à virus Marburg

La période d’incubation (le délai entre l’infection et l’apparition des symptômes) varie de 2 à 21 jours.

La maladie s’installe brutalement et se manifeste par une fièvre élevée, de fortes céphalées et un malaise intense. Les douleurs musculaires sont courantes. Une diarrhée aqueuse profuse, des douleurs et des crampes abdominales, des nausées et des vomissements peuvent apparaître au troisième jour. Des éruptions cutanées sans démangeaisons ont été signalées chez des personnes infectées entre 2 et 7 jours après l’apparition des symptômes.

À partir du cinquième jour de la maladie, des manifestations hémorragiques peuvent survenir, notamment du sang frais dans les vomissures et les selles et des saignements du nez, des gencives et du vagin. On peut aussi observer des saignements aux points de ponction veineuse (utilisés pour administrer des liquides ou prélever des échantillons sanguins). Le système nerveux central peut également être touché, ce qui peut causer une confusion, une irritabilité et une agressivité. Une orchite (inflammation d’un ou des deux testicules) a été signalée occasionnellement au stade tardif de la maladie.

Dans les cas mortels, le décès intervient le plus souvent 8 à 9 jours après l’apparition des symptômes ; il est en général précédé d’une perte de sang abondante et d’un choc hémorragique.

Diagnostic

Sur le plan clinique, il peut être difficile de distinguer la MVM d’autres maladies infectieuses telles que le paludisme, la fièvre typhoïde, la shigellose, la méningite et d’autres fièvres hémorragiques virales. Les méthodes de diagnostic suivantes servent à confirmer que l’infection à virus Marburg est bien la cause des symptômes :

  • test d’immunoadsorption enzymatique (ELISA)
  • test d’immunocapture des antigènes
  • transcription inverse suivie d’une amplification en chaîne par polymérase (RT-PCR)
  • isolement du virus sur culture cellulaire dans des laboratoires de confinement à haute sécurité

Les échantillons prélevés sur les personnes infectées présentent un risque biologique extrêmement élevé ; les analyses en laboratoire sur des échantillons non inactivés doivent s’effectuer dans des conditions de confinement biologique maximales. Tous les échantillons biologiques non inactivés doivent être emballés à l’aide du système de triple emballage lorsqu’ils sont transportés à l’échelle nationale et internationale.

Traitement et vaccins

Des soins de soutien intensifs précoces, y compris une réhydratation et le traitement symptomatique, peuvent améliorer les chances de survie.

À l’heure actuelle, aucun vaccin ou traitement antiviral contre la MVM n’a été approuvé.

Il existe toutefois des anticorps monoclonaux, des antiviraux et des vaccins candidats, qui pourront être évalués dans le cadre d’essais cliniques.

Virus Marburg chez les animaux

On considère que la roussette d’Égypte (Rousettus aegyptiacus) est l’hôte naturel du virus Marburg, chez qui ce dernier ne provoque pas de maladie apparente. L’aire de répartition géographique du virus coïncide donc probablement avec celle de la roussette.

Lors de la première épidémie de MVM, l’infection humaine était due à des singes verts d’Afrique (Cercopithecus aethiops) importés d’Ouganda.

Des inoculations expérimentales de différentes espèces d’Orthoebolavirus chez des porcs ont révélé que ces derniers étaient sensibles à l’infection à filovirus et qu’ils excrétaient le virus. On peut donc considérer que le porc est un hôte amplificateur potentiel lors des épidémies de MVM. Il est nécessaire de prendre des mesures de précaution dans les élevages porcins en Afrique pour éviter que les porcs ne soient infectés par contact avec des roussettes.

Prévention et lutte

Il est essentiel de mobiliser les communautés pour juguler les flambées épidémiques. Pour endiguer efficacement les flambées, il faut avoir recours à une série d’interventions, notamment les suivantes : prise en charge des cas, surveillance et recherche des contacts, services de laboratoire efficaces, lutte anti-infectieuse dans les établissements de santé, inhumations sans risque et dans la dignité, et mobilisation sociale.

Sensibiliser aux facteurs de risque d’infection par le virus Marburg et aux mesures de protection que chacun et chacune peut prendre est un moyen efficace de réduire la transmission humaine.

Les messages visant à réduire les risques doivent porter sur plusieurs facteurs :

  • Réduire le risque de transmission de la roussette à l’humain résultant de l’exposition prolongée dans des mines ou des grottes abritant des colonies de roussettes. Les personnes qui se rendent ou travaillent dans des mines ou des grottes abritant des colonies de roussettes doivent porter des gants et des vêtements de protection appropriés, y compris un masque. Pendant les flambées épidémiques, tous les produits animaux (sang et viande) doivent être bien cuits avant d’être consommés.
  • Réduire le risque de transmission interhumaine à l’échelle communautaire résultant d’un contact direct ou rapproché avec des personnes infectées, en particulier avec leurs liquides biologiques. Tout contact physique étroit avec des personnes infectées par le virus Marburg doit être évité. Les cas suspectés ou confirmés de MVM doivent être isolés dans un centre de traitement désigné pour y recevoir des soins rapidement et pour éviter toute transmission du virus à domicile.
  • Les communautés touchées par la MVM doivent s’attacher à bien informer la population à la fois sur la nature de la maladie et sur les mesures à prendre pour endiguer les flambées épidémiques.
  • Les mesures visant à endiguer les flambées épidémiques sont notamment les suivantes : inhumer sans risque et dans la dignité les personnes défuntes, identifier les personnes susceptibles d’avoir été en contact avec une personne infectée par le virus Marburg et surveiller leur état de santé pendant 21 jours, isoler les malades des personnes saines pour éviter toute transmission, prodiguer des soins aux personnes chez qui la maladie a été confirmée, et maintenir une bonne hygiène et un environnement propre.

Lutte anti-infectieuse dans les établissements de santé

Les personnels de santé doivent systématiquement appliquer les précautions standard lorsqu’ils s’occupent de patientes et patients, quel que soit le diagnostic présumé. Ces précautions comprennent les mesures de base de l’hygiène des mains et de l’hygiène respiratoire, le port d’un équipement de protection individuelle (pour éviter tout contact avec des éclaboussures et autres matières infectées), la sécurité des injections et les pratiques d’inhumation sans risque et dans la dignité.

Les personnels de santé qui s’occupent de personnes chez qui la MVM est suspectée ou confirmée doivent appliquer des mesures supplémentaires de lutte anti-infectieuse pour éviter tout contact avec le sang et les liquides biologiques de ces personnes, ainsi qu’avec les surfaces et objets contaminés comme les vêtements et les draps.

Les personnels de laboratoire sont également à risque. Les échantillons qui ont été prélevés sur des sujets humains ou des animaux à des fins de recherche de l’infection à virus Marburg doivent être manipulés par du personnel qualifié et traités dans des laboratoires convenablement équipés.

Soins aux personnes survivant à la MVM 

Toutes les personnes survivant à la maladie, leurs partenaires et leurs familles doivent être traités avec respect, dignité et compassion. L’OMS ne recommande pas d’isoler les personnes en convalescence dont les tests sanguins ont donné des résultats négatifs pour le virus Marburg. Les personnes qui survivent à la MVM peuvent souffrir de séquelles à la fois cliniques et psychologiques. L’OMS encourage les pays touchés à envisager de mettre en place un programme de soins aux personnes survivantes afin d’atténuer les séquelles, de favoriser leur réintégration au sein de la communauté, de leur prodiguer des conseils et de leur proposer des examens biologiques.

Le virus Marburg est connu pour persister dans des sites anatomiques immunisés chez certaines personnes qui se sont rétablies. Les testicules et l’intérieur de l’œil sont notamment concernés. Si l’on extrapole à partir des données disponibles pour d’autres filovirus, il apparaît que le virus peut persister dans le placenta, le liquide amniotique et le fœtus des femmes infectées pendant la grossesse et dans le lait maternel des femmes infectées pendant l’allaitement. La rechute symptomatique en l’absence de réinfection chez une personne qui s’est rétablie de la MVM est un événement rare mais attesté. On ne connaît pas encore la cause de ce phénomène.

La transmission du virus Marburg par du sperme infecté a été signalée jusqu’à sept semaines après la guérison clinique. Pour atténuer le risque de transmission par exposition à du sperme infecté, il faut mettre en place un programme de dépistage du sperme visant à :

  • donner des conseils aux hommes ayant survécu à la MVM et à leurs partenaires sexuels, selon que de besoin, pour les informer des risques potentiels et les aider à adopter des pratiques sexuelles à moindre risque (y compris l’usage de préservatifs et une bonne hygiène des mains et personnelle) ; et
  • proposer des analyses de sperme mensuelles jusqu’à l’obtention de deux résultats négatifs consécutifs.

Après l’obtention de deux résultats négatifs consécutifs, les hommes ayant survécu à la MVM pourront reprendre des pratiques sexuelles normales en toute sécurité, avec un risque minime de transmission du virus Marburg. En l’absence de programme de dépistage du sperme, les hommes ayant survécu à la maladie doivent adopter des pratiques sexuelles à moindre risque pendant 12 mois.

Action de l’OMS

L’OMS cherche à prévenir les flambées épidémiques de MVM en assurant une surveillance de la maladie et en aidant les pays à risque à élaborer des plans de préparation. Le document suivant donne des orientations générales pour la lutte contre les flambées épidémiques dues aux virus Ebola et Marburg :

Lorsqu’une flambée épidémique est détectée, l’OMS intervient en appuyant la surveillance, la mobilisation communautaire, la prise en charge des cas, les services de laboratoire, la lutte anti-infectieuse, le soutien logistique, la formation et l’assistance en matière de pratiques d’inhumation sans risque.

Tableau : chronologie des principales épidémies de maladie à virus Marburg

 

Année Pays Cas Décès Taux de létalité
Année Pays Cas Décès Taux de létalité
2024 Rwanda 66 15 23%
2023 Tanzanie 9 6 67 %
2023 Guinée équatoriale 40 35 88 %
2022 Ghana 3 2 67 %
2021 Guinée 1 1 100 %
2017 Ouganda 3 3 100 %
2014 Ouganda 1 1 100 %
2012 Ouganda 15 4 27 %
2008 Pays-Bas (en provenance de l’Ouganda) 1 1 100 %
2008 États-Unis d’Amérique (en provenance de l’Ouganda) 1 0 0 %
2007 Ouganda 4 2 50 %
2005 Angola 374 329 88 %
1998-2000 République démocratique du Congo 154 128 83 %
1987 Kenya 1 1 100 %
1980 Kenya 2 1 50 %
1975 Afrique du Sud 3 1 33 %
1967 Yougoslavie 2 0 0 %
1967 Allemagne 29 7 24 %